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Rallumer les étoiles

2 avril 2024

# 456 Zizi Cabane, Bérengère Cournut

J'avais découvert De Pierre et d'os grâce à Arnaud et comme j'avais beaucoup aimé l'écriture de Bérengère Cournut, il m'a offert son dernier roman, Zizi Cabane

En plus de l'objet lui-même avec une finition remarquable (la couverture se déplie en une grande fresque signée Astrid Jourdain), je me suis à nouveau laissé embarquer par l'écriture à la fois poétique et abrupte de cette autrice inclassable. En reprenant les codes du contes mais avec un rendu très crédible car la voix narrative est celle d'une enfant, Bérengère Cournut fait l'esquisse d'un deuil tout en nous mettant face à nos légendes intimes que chacun d'entre nous construit pour surmonter nos peurs les plus profondes. 

Sans être dans une période d'introspection profonde , j'ai trouvé dans cette lecture à la fois un échappatoire de divertissement (pendant quelques heures je suis dans un autre univers, ce qui me permet de mettre à distance tous les petits tracas ou insatisfactions de la vie quotidienne) mais aussi quelques pistes de réflexion plus personnelles sur l'esquive. 

 

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6 mars 2024

# 456 L'étranger, Albert Camus

Je me rends compte en écrivant ici l'influence discrète qu'Emma a sur ce blog (je viens de relire avec un peu de nostalgie la catégorie "Best Of Emma"). Rien que pour ça, je surmonte les moments de doute sur arrêter ou continuer ce blog, pour lui transmettre un jour ce journal de mes lectures.

Elle est en classe de troisième ce qui explique que les auteurs classiques remplacent désormais les Lulu Grenadine quand je la mentionne. Un jour, elle rentre du collège en me disant qu'elle voudrait bien lire L'Etranger car une camarade en a fait un commentaire convaincant en classe. Ni une ni deux, je sors le bouquin de la bibliothèque et je le pose sur la table basse. A force de le voir, ça n'a pas manqué: je l'embarque pour mes trajets en RER et je le relis avec le même enthousiasme que lorsque j'ai découvert cet auteur à peu près à son âge. 

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours accordé beaucoup d'importance à la construction narrative du récit, ce qui fait que malgré sa datation antérieure à la guerre d'Algérie, pays où se situe l'action, ce texte a pour moi un caractère universel et indémodable.

La description kafkaïenne de sa situation, son refus du mensonge et de jouer le jeu du système normatif de notre société sont des incitations à l'introspection, à la critique et à la remise en question. 

Emma a abandonné la lecture, l'écriture blanche de Camus n'ayant pas réussi à la toucher (je suis totalement ok avec ça, j'avais de mon côté détesté la vulgarité de Céline, que je n'ai d'ailleurs jamais relu ensuite!).

 

6 mars 2024

# 455 Chaleur humaine, Serge Joncour

Après la lecture difficile d'Acide, je voulais un roman "facile".

De Serge Joncour, je garde une impression mitigée, et Chaleur humaine est le seul roman offert par mes parents pour lequel j'ai fait une moue dubitative en le découvrant dans le paquet cadeau de mon anniversaire (oui, je suis encore sur la rentrée littéraire 2023).

Je me suis dit, l'histoire a l'air simple - une fratrie réunie lors du 1er confinement de 2020 - et les sagas familiales m'embarquent en général facilement. Eh bien, contrairement à mes préjugés, non seulement ce n'est pas cette composante là qui m'a marquée (et de ce côté ça manque même un peu de pep's) mais en plus j'ai été conquise par la façon dont Serge Joncour construit ses personnages et aborde avec eux les différentes réactions à l'annonce progressive du confinement. Ce n'est pas tant l'analyse des relations humaines que j'ai aimées que de me replonger dans cette période si particulière avec quatre ans de recul. 

Si cela m'a autant plu, c'est sûrement aussi parce que j'ai moi-même fait l'exercice de consigner par écrit mon ressenti sous forme de lettres* à Emma en 2020 mais aussi en 2021 et 2023. Autant vous dire que c'est très drôle de me relire et de voir avec quelle facilité je suis passée de "C'est génial on vit un moment historique et c'est l'occasion rêver de fusionner avec ma couette" à "ça me soule ces histoires de couvre-feu et de contraintes qui s'additionnent" puis "à quoi ça a servi tout cela?". Je me suis donc sentie proche à tour de rôle de tous les personnages de Chaleur humaine!

* Je lui écris régulièrement des lettres qu'elle aura de droit de lire plus tard. Pour l'instant elle n'a été autorisée qu'à lire celles qui concernent sa toute petite enfance, avant la séparation d'avec son Papa, parce que j'ai jugé qu'elle avait le recul nécessaire pour en prendre connaissance.

27 février 2024

# 454 Lettres d'Afrique, Arthur Rimbaud, Hugo Pratt

Je vais essayer de rattraper mon retard en commençant par ce très joli livre que m'a offert Emma pour Noël.

A la fin de sa vie, Hugo Pratt a illustré certains textes littéraires qui faisaient écho à sa vie personnelle. C'est ainsi que les derniers écrits d'Arthur Rimbaud, Lettres d'Afrique, ont inspiré au dessinateur des aquarelles qui rappellent son adolescence en Ethiopie.

La courte préface de Dominique Petitfaux sur ces regards croisés entre Pratt et Rimbaud est très éclairant et sur un ressenti beaucoup plus personnel j'ai trouvé intéressant la façon dont les dessins et les textes se répondent en dépeignant une Afrique sans faux semblant. On y décèle tout ce qu'elle avait d'attractive mais aussi d'hostile.

Quant aux lettres à proprement dites, je les avais déjà lues dans l'édition complète de la pléiade et je prends toujours autant de plaisir à les reparcourir. Cette époque d'écrivain voyageur qui est aussi évoquée par le prisme de la vie de son frère dans le roman-essai "l'Autre Rimbaud" de David le Bailly ne peut pas être passée sous silence si on veut comprendre Arthur Rimbaud dans toute sa complexité.

 

19 janvier 2024

# 453 Acide, Victor Dumiot

Encore un livre offert par mes parents pour mon anniversaire: en lisant le résumé on s'attend à un roman sociétal. Dans Acide de Victor Dumiot, les destins des deux narrateurs, Camille qui voit sa vie basculer un soir sur un quai de gare, et Julien que l'addiction au porno a conduit vers un isolement social total vont se percuter par hasard.

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Je ne vais pas y aller par quatre chemins, malgré une écriture plutôt fluide et un fond très intéressant, le propos est beaucoup trop violent pour moi. Dès le premier chapitre la description de l'attaque à l'acide dont est victime la jeune fille est insoutenable tandis que rien ne nous est épargné non plus des détails crus des pratiques de celui appelé "l'homme". Cette narration clinique se poursuit tout au long du roman et je n'ai jamais réussi à me défaire du sentiment glauque qui en émerge. 

C'est  dommage car il y avait vraiment de quoi initier une réflexion plus profonde sur les relations virtuelles et sur notre rapport au physique et au corps, d'autant qu'il y a entre les deux protagonistes un effet de miroir intelligemment mené. Mais le manque de pudeur a été un frein trop grand pour moi, je n'ai pas pris de plaisir à cette lecture, me sentant même salie une fois que je l'ai refermé, mise contre mon gré dans une position de voyeur dérangeante. 

La seule chose réussie, c'est le titre: acide comme l'arme choisie, mais aussi acide comme chacun des personnages, acide comme la fin, acide comme les remerciements adressés à Yann Moix.

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11 janvier 2024

# 452 Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand

Lors de ses quatre premiers jours au tutorat d'excellence Louis Germain, Emma a étudié Cyrano de Bergerac. Elle était ravie de la coïncidence car elle aurait dû aller le voir à la Comédie Française pendant les vacances avec son père, mais faute de places disponibles, il lui avait montré des extraits du film. 

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Elle a adoré le texte, l'entendre déclamer la célèbre tirade du nez et son enthousiasme croissant jusqu'à son émotion lorsqu'elle a découvert la fin ("Je me suis retenue de pleurer car j'ai lu les dernières scènes en douce en classe, mais là rien qu'en t'en parlant, les larmes me reviennent") m'a donné envie de relire la pièce que j'avais étudiée en 3ème je crois. J'ai commencé par lui lire le premier acte en me faisant la remarque que cette exercice me plaisait et me manquait... On appréhende le texte différemment lorsqu'on le prononce à voix haute et elle a eu cette remarque de me demander si, dans ma tête, je le lisais de la même façon, ce que je lui ai confirmé ("oui, quand les didascalies annoncent des violons, dans ma tête j'imite aussi le son du violon").

J'ai lu les quatre autres actes quasiment d'une traite, absorbée par le rythme des alexandrins et la poésie qui affleure. La modernité du texte est aussi étonnante. Il y a cette contradiction entre Cyrano le menteur - après tout il s'agit bien d'une usurpation d'identité!, Roxane qui veut être flattée par des mots - ses sentiments pour Christian fluctuent en fonction de son éloquence-, la subjectivité de la beauté... Cette question qui restant sans réponse se pose à chacun d'entre nous: sans l'imposture, Roxane serait-elle tombée amoureuse de Cyrano? et nous oblige à nous questionner sur notre rapport aux apparences.

Le hasard fait que j'ai écouté ce matin Sylvain Tesson et qu'il évoquait justement ce rapport à la beauté, lui qui a été défiguré, et que c'est également le sujet du livre que je suis entrain de lire (Acide de Victor Dumiot)...

10 janvier 2024

# 451 Les Aiguilles d'or, Michael McDowell, Trad. Jean Szlamowicz

Grâce à Stéphanie qui m'a offert Les Aiguilles d'Or pour mon anniversaire, je découvre à la fois un auteur et un éditeur! 

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La première surprise a été la forme: l'objet se présente comme un bijou, d'autant qu'il est emballé dans un papier blanc soigneusement cacheté. La couverture est ouvragée de dorures et de reliefs, conçue par Pedro Oyarbide et fabriquée par l'imprimerie Print System, à Bègles. Les couleurs rouge, noir et or, les symboles représentés et la carte d'invitation glissée dans l'ouvrage nous plongent immédiatement dans une atmosphère mystérieuse et envoûtante d'un autre siècle.

Dès les premières pages on est donc immergé dans le New-York de la fin du 19ème et l'auteur prend le temps d'en faire le portrait tout en présentant les différents protagonistes: d'un côté le peuple survivant à peine dans la misère, de l'autre la famille Stallworth représentant l'Eglise et le pouvoir étalant leur aisance. La corruption et la mafia émergent très vite et sont au cœur de ce roman prenant où deux familles s'affrontent. La force du récit est d'être très cinématographique grâce à une narration descriptive imagée, et j'ai très rapidement été convaincue par les personnages dont la noirceur s'accordent parfaitement au cadre.

Cette fiction qui n'a pas d'autres objectifs que de nous divertir, au sens le plus noble du terme, est arrivée au bon moment pour moi. Ce type de lecture me permet de m'évader et de nourrir mon imagination et fin décembre, c'était un parfait échappatoire avant l'arrivée bienvenue des vacances. 

J'ai évidemment également adoré me replonger dans la ville de New-York que j'ai arpenté l'été dernier.

Après avoir refermé Les Aiguilles d'Or je me suis intéressée à l'auteur, Michael McDowell, décédé en 1999 mais dont la série Blackwater a été un succès littéraire en France, 40 ans après sa publication aux Etats-Unis. C'est ainsi que j'ai cherché à en savoir plus sur l'éditeur. La ligne éditoriale de Monsieur Toussaint Louverture s'attache à faire découvrir aux lecteurs francophones des auteurs méconnus ou sous-estimés, en apportant un soin particulier à la traduction. Ca m'a notamment donné envie de découvrir l'auteur Anne de Green Gables.

 

2 janvier 2024

# 450 Western, Maria Pourchet

Julien m'avait déjà recommandé de lire Feu! de Maria Pourchet mais je ne l'ai pas fait, il m'a donc offert son dernier roman Western

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Je l'ai lu avec beaucoup de facilité et j'ai adoré la construction narrative. Le personnage principal est un Dom Juan qui joue ce personnage sur scène : cette mise en abyme pose la question du jeu et de l'authenticité tandis que dans le récit écrit à la troisième personne une voix intervient ponctuellement  avec un regard critique, soulignant ainsi combien chacun se débat avec ses contradictions.

En revanche je trouve qu'en forçant le trait sur les caractères, l'auteur renforce les clichés plus qu'elle ne les dénonce et son ton sarcastique fait que je n'ai réussi à m'attacher ni à Aurore ni à Alexis. Je les ai quittés avec beaucoup d'indifférence alors que tous les ingrédients étaient réunis pour m'exalter: les nouveaux codes amoureux, la violence du monde du travail et de la société envers les femmes, la quête de sens avec laquelle on se débat. 

Cependant il y a un je ne sais quoi d'un peu abrupt, une fragilité qui m'a donné envie de lire Feu! 

Si vous avez lu l'un ou l'autre de ces deux romans je suis preneuse de votre avis :-)

 

 

2 janvier 2024

# 449 L'alphabet du silence, Delphine Minoui

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Inès et Quentin m'ont offert l'Alphabet du silence pour mon anniversaire: à Inès le choix du livre ("j'avais beaucoup aimé les romans précédents de Delphine Minoui", "quand j'ai lu le résumé je me suis dit que ça allait forcément te plaire") et à Quentin notre amitié de 11 ans (mais oui déjà!) et une librairie indépendante super au pied de son immeuble.

Bien vu, j'ai un gros coup de coeur pour ce roman qui cumule plusieurs qualités: un récit très rythmé par de courts chapitres, le style journalistique sans fioriture et une fiction située dans un contexte géopolitique qui me passionne. Le choix de mettre en avant uniquement deux personnages narrateurs (un couple pris dans la tourmente de la dictature turque) permet de ne pas s'éloigner du sujet principal: la gradation de la répression en Turquie après le putsch de juillet 2016. La réussite de l'auteur réside dans son aptitude à nous faire aimer Istanbul sans négocier avec la réalité de la dérive religieuse et extrémiste du pays. Elle distille de fragiles touches d'optimisme qui ont fait du bien à mon esprit d'utopiste sans pour autant tomber dans l'écueil de l'exagération qui aurait mis à mal la crédibilité de son témoignage.

Emma a commencé à le lire: c'est un roman accessible dès l'adolescence.

26 novembre 2023

# 448 Le Mage du Kremlin, Giulano da Empoli

Mon amie Céline m'a offert Le Mage du Kremlin après l'avoir lu pendant ses vacances d'été. J'étais ravie: Julien me l'avait conseillé il y a quelques mois.

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J'ai déjà eu la chance d'aller trois fois en Russie et j'avais plus ou moins projeté un long voyage de trois mois en 2025, ce qui bien sûr me semble désormais hautement improbable.
On retrouve dans ce roman quelques rues de Moscou, on y croise Limonov et on est confronté aux contradictions de la société russe: j'ai plongé avec avidité dans l'histoire tourmentée de l'ère Poutine. Le contexte très bien romancé d'une situation politique et sociale plus complexe qu'il n'y paraît (comme nous l'avions déjà constaté en allant se perdre en 2016 sur les îles Solovki) et la prise de recul de ce roman sont salvateur dans une époque où l'immédiateté politique efface la moindre tentative de réflexion historique.
Le parti pris romanesque évite la lourdeur de l'essai politique: en s'attachant à l'aspect psychologique des personnages plus qu'à l'exhaustivité des faits, Giulano da Empoli réussit à mettre l'accent sur le caractère machiavélique et donc imprévisible de Poutine.
Inspirée de faits réels -tous les personnages que l'on croise portent d'ailleurs leur vrai nom, à l'exception du narrateur - cette fiction est d'autant plus glaçante qu'elle paraît moins de deux mois avant le déclenchement de la guerre d'Ukraine.

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